vendredi 18 mai 2012

Un projet in-situ sur les Iles Lofoten

Concevoir un projet architectural dans le paysage Norvégien des Iles Lofoten prend obligatoirement une dimension remarquable. L’agence Snøhetta a conçu en 2007 une aire de stationnement sur la route touristique E10, près du village d’Eggum entre la mer Vestvågøy et les montagnes escarpées. Cette bourgade, autrefois peuplée par des pêcheurs, est encore habitée par bon nombre de personnes. C’est une place connue pour observer l’été venu le soleil de minuit.

Le projet dans son site © Jarle Wæhler, Statens vegvesen

Le projet se situe à la sortie d’Eggum, à la colline de Kvalhausen, utilisée pendant la seconde guerre mondiale comme station de radar par les forces Allemandes.

Le programme pour les architectes était de construire un espace de stationnement, des toilettes et une cuisine pour les visiteurs très nombreux l’été . Le choix du bâtiment a été déterminé par le site. Les architectes ont pris le parti de venir s’implanter discrètement « sous » la station de radar. L’architecture, d’une surface au sol de 59m², est sobre. Une construction de bois semble sortir du dessous de la colline. Le plan symétrique est très simple. L’espace principal du projet est une salle « polyvalente » d’une surface carrée de 20 m ², équipé d’une cuisine. Une large baie vitrée cadre sur l’extérieur. Un cadre en béton, jouant le rôle de mur de soutènement, encadre le volume de bois et permet l’accès de part et d’autre de la salle polyvalente au local technique et aux deux toilettes (enfants, adultes et handicapés). En Norvège, il est normal que les toilettes soient systématiquement équipées pour les handicapés dans les espaces publics. Il n’y a pas de ségrégation entre non-valides et valides comme on le retrouve malheureusement systématiquement en France. Les murs de cette construction ainsi que la toiture terrasse sont en ossature bois. Le mur qui sépare les toilettes est en béton car il sert d’appui au cadre en béton. Le sol intérieur est totalement en béton ciré.

Le mur de gabion étagé raccorde le bâtiment à l’aménagement paysager. Ce dernier a été rempli avec de la pierre provenant de l’excavation pour la construction de l’édifice et semble dialoguer avec les ruines de la station radar. Il sépare la construction du parking en formant un amphithéâtre. Le volume de bois contraste avec son environnement. Le parement est constitué de planches de bois flottés recueillies sur la plage toute proche. Ils se retournent en toiture pour former un volume pur, sans acrotères.

Ce projet frappe par sa simplicité, sa sensibilité et par la place laissée à son environnement. Le coût global du projet avec l’aménagement paysager de 5500m² est de 44 mille euros. L’agence Snøhetta nous démontre par son imagination et la subtilité de sa réponse, que faire de l’architecture s’inscrivant dans son site est simple et non onéreuse. Même avec des matériaux de récupération, les architectes sont arrivés à un résultat étonnant par sa précision et son esthétique.


Pour aller plus loin:
Le site internet de l'agence Snøhetta : http://www.snoarc.no/

Le volume de bois semble sortir de sous la colline
© 
Steinar Skaar, Statens vegvesen
La casquette béton abrite l'accès aux toilettes et au local technique © Snøhetta
Le mur de gabion forme un amphithéâtre © Snøhetta
L’amphithéâtre © Jarle Wæhler, Statens vegvesen  
L'implantation discrète du bâtiment © Snøhetta 
Paysage sublime des Iles Lofoten depuis le projet © Snøhetta 
Plan de masse © Snøhetta 
Plan général © Snøhetta
Coupes © Snøhetta

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